Mali GRPFM 2021

2. INTRODUCTION

II.I    Objectif

L’évaluation supplémentaire PEFA de la gestion des finances publiques sensible au genre vise à renseigner sur la mesure dans laquelle le système de gestion des finances publiques du Mali intègre le genre en vue de promouvoir l’égalité des sexes et plus précisément de répondre aux besoins spécifiques des hommes et des femmes.  Les informations recueillies dans le cadre de la présente évaluation serviront de référence pour les évaluations futures et contribueront à renforcer les reformes budgétaires entreprises par la République du Mali dans l’optique de réduire les inégalités de genre et la pauvreté dans le pays. 

II.2  Contexte

La mise en œuvre de politiques publiques en faveur de l’égalité de genre reste limitée au Mali malgré la création depuis 1997 d’un ministère chargé de la promotion des droits des femmes. La question de la promotion de la femme au Mali se heurte à des obstacles, d’ordre socioculturel et institutionnel se traduisant par « un accès limité aux services sociaux de base, aux ressources, une faible connaissance de leurs droits et une participation restreinte au processus de décision à tous les niveaux ». En effet, bien que représentant, plus de 51% de la population Malienne, les femmes restent faiblement représentées au niveau des instances de décisions. A titre d’exemple, les femmes n’occupaient que 10,55% des postes nominatifs en 2011 et ne représentaient que 28,38% des agents de l’administration publique. Par ailleurs, elles représentaient une forte proportion de la population touchée par la pauvreté (62% de femmes et de filles vivaient en dessous du seuil de pauvreté multidimensionnelle).

Au regard de ces défis, le pays s’est engagé, à travers l’élaboration en 2011 d’une Politique Nationale Genre (PNG), à « corriger les faiblesses qui ont caractérisé les dispositifs institutionnels antérieurs et à lever les contraintes qui ont freiné les avancements escomptés ». Le plan d’action 2011-2013 élaboré en même temps que la PNG précise les activités et les rôles des différents départements sectoriels dans l’atteinte des résultats et met en place un fonds spécial en 2011, pour assurer la mise en œuvre effective de la PNG. Un Secrétariat Permanenta été créé et placé sous le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille (MPFEF), en vue de coordonner sa mise en œuvre et de jouer le rôle d’appui-conseil auprès des autres ministères et institutions. A l’élaboration de la PNG, 10 ministères avaient été identifiés comme pilotes. Ces ministères devraient mettre en place des comités d’institutionnalisation du genre afin d’assurer un ancrage institutionnel du genre. Au niveau régional, des conseils régionaux présidés par les gouverneurs devraient décliner la politique en programmes régionaux d’action et en assurer le suivi. Enfin, les orientations politiques pour la mise en œuvre de cette politique seraient assurées par un Conseil Supérieur de la Politique Nationale Genre présidé par le Premier Ministre.

Pour que la PNG atteigne ses objectifs et que les maliens et les maliennes en bénéficient de manière équitable, les plans, programmes et budgets sectoriels et locaux devraient refléter les efforts de réduction des inégalités. A cet effet, une démarche de Planification et de Budgétisation Sensible au Genre (PBSG) a été introduite dans le processus budgétaire sous l’égide du Ministère de l’Économie et des Finances. Elle s’est traduite par l’élaboration d’une stratégie 2011-2013 de planification et de budgétisation sensible au genre qui intègre les orientations stratégiques de la PNG. Plusieurs autres documents de promotion de l’égalité entre les sexes ont été élaborés par les ministères sectoriels. On peut citer entre autres, le Plan d’Action pour la Lutte contre la Traite des Femmes et des Filles, le Programme National 2011-2013 de Lutte contre les Violences envers les Femmes et les Filles, la Politique Nationale de Lutte contre la Pratique de l’Excision.

La mise en œuvre de ces politiques, plans d’action et stratégies s’est déroulé dans un contexte marqué par la survenue de la crise sécuritaire en 2012 qui n’a pas permis d’atteindre les objectifs escomptés. Cette crise qui a entrainé un quasi-effondrement de l’administration publique dans certaines zones avec la fermeture d’écoles, et de centres santé, la perturbation de la production agricole, l’augmentation des niveaux de pauvreté et les déplacements de population est venue exacerbée les inégalités de genre dans le pays. Ainsi, la situation économique des femmes n’a pas connu une amélioration substantielle avec des rémunérations généralement inférieures de moitié à celles des hommes aussi bien dans les secteurs formels que non formels. De même, dans le secteur agricole les femmes ont toujours un accès limité aux terres cultivables et aux moyens de production. En 2017 par exemple, les femmes propriétaires de parcelles de riz étaient seulement de 14,71%. En dehors des difficultés liées à la question sécuritaire, la faible capacité de l’administration et les moyens financiers limités ont également été un frein à la mise en œuvre satisfaisante de la Politique Nationale Genre. Enfin, la Budgétisation Sensible au Genre qui devrait permettre de réduire les inégalités de genres par la prise en compte dans le budget des besoins spécifiques des femmes et des femmes est encore à améliorer car toujours sujet à des difficultés liées à la non-opérationnalisation du comité de la Politique Nationale Genre, à l’insuffisance des données sexo-spécifiques permettant l’élaboration de rapports genre pertinents, et au faible niveau d’appropriation du concept genre par les acteurs.

L’efficacité limitée des politiques d’égalité de genre appliquées jusque-là se reflète dans le score bas du pays dans l’indice d’inégalité de genre. En effet, en 2019, le pays était classé 158ème sur 160 pays avec un indice d’inégalité de genre (IIG) de 0,671. Enfin, la non-disponibilité de rapports de mise en œuvre de ces différentes politiques, plans d’actions et autres stratégies n’a pas permis à la mission d’apprécier leur niveau de réalisation et surtout de mieux appréhender les difficultés de mise en œuvre.